Un royaume dans les montagnes

Sous la protection de Tiamat, le dragon à cinq têtes, vivaient dans les montagnes du même nom quelques citées que les intérêts et le système rapprochaient. Ils étaient dirigés en une seule nation, dont la caractéristique principale était l'adoration de l'espèce draconienne.

Chaque citée se démarquait pourtant des autres, bien qu'elles vivasses en harmonie. Une seule armée pour tous, les mêmes buts, la même tête. Chacun y vivait cependant dans l'attente de devenir meilleur dans la spécialité des siens, et il était rare de voir des individus dont les intérêts les menaient à changer de lieu où se spécialiser, bien que ces gens ne fussent pas mal vus ou quoi que ce soit.

La première citée, Nodäem, était située dans une large étendue élevée de terres cependant bien fertiles, entourée de fermes, de lacs d'eau claire puisée magiquement des réserves souterraines et, plus près des pics rocheux, quelques cavernes qui abritaient d'innombrabres dragons dressés mais laissés libres dans la région. La ville était divisée en deux parties. D'une part, les maisons simples s'étendaient dans une simple uniformité, déchirée uniquement par les hautes tours des temples qui y régnaient. De l'autre part du vaste chemin principal qui divisait la ville en deux régnait des lieux dont s'élevaient la magie arcanique; les bibliothèques et écoles formaient les attraits principaux de l'endroit.

Si l'on eut décidé d'une capitale dans les chaînes de montagne, c'eût été ici autant au plan géographique que démographique. C'est là, d'ailleurs, que vivait le grand prêtre et maître des castes du royaume, Ysham. C'était lui-même un dragon qui, par différents soucis, conservait normallement une forme humaine; d'aspect charismatique, il n'avait aucun problème à attirer des femmes. Pourtant, aucun enfant ne découlait de ses relations. Si l'une chose était regrettable pour le royaume, c'était l'asbence totale, pour le moment du moins, de quelque semi-dragon que ce soit.

Certaines montagnes des Tiamat se faisaient particulièrement dûres d'accès avec leurs pentes escarpées ou tout simplement verticales, leurs terrains glissants et les risques que le sol fende sous les pieds. L'ascension était pénible et ardue si l'on espérait même essayer d'emprunter les chemins subtils qui escaladaient les monts en serpentant longuement sur toute la montée.

C'était sur une petite montagne semblable, plate à son sommet, qu'était installée, sur plusieurs corniches sécures à différentes altitudes, une citée -qui tenait plus d'un village que d'une citée si l'on considérait l'aspect rustique des habitations-. Près de la base se tenait la limite du territoire des Daconais, constitué surtout des fermes et des lieux d'élevage qui ne pouvaient être installés en altitude. Plus on montait vers le haut, plus on s'approchait des groupes de guerriers qui faisaient le renom de la région.

Car Dacona était le seul lieu de provenance d'un caste de guerriers uniques, les dragoons. Si le lieu était difficile d'accès pour les gens normaux, c'était le terrain rêvé pour les dragoons auxquels l'entraînement particulier avait mené à ses fruits. Les êtres de cette caste avaient des capacités extraordinaires quant à leurs habiletés à sauter et à utiliser le vent pour atteindre avec précision leurs ennemis. Bien que l'on eut pû les voir arriver et penser esquiver sans problème leurs coups, ceux-ci semblaient étrangement toujours réussir à toucher leurs cibles malgré tout.

Plusieurs légendes locales racontaient que le sang qui coulait dans les veines des gens de la citée n'était pas tout à fait humain, mais laissons les mythes de côté pour l'instant.

Bien que peu des lieux particuliers du royaume ait été décris plus tôt, il va sans dire qu'il n'y en manquasses point, et qu'il eut été trop long de tous les énumérer. Dans les Tiamat se réfugiaient d'autres villes, plus ou moins modestes, une bonne quantité de dragons avec qui les humains cohabitaient, deux monastères, des centres d'entraînement, quatre forges indépendantes dont une se démarquait particulièrement, chacune ayant sa mine personnelle dans la montagne, des vergers conservés en altitude magiquement, bon nombre de lacs, des patûrages conservés hors d'atteinte des dragons sauvages...

La grande diversité qui avait été découverte et installée dans la chaîne de montagnes en faisait un lieu complètement indépendant de l'extérieur. Tout ce dont les habitants avaient besoin, ils pouvaient le trouver dans les alentours, ce qui résulta en une isolation quasi-totale du monde extérieur.

Ysham, le grand prêtre à la tête du royaume, faisait les cent pas dans une pièce adonnant sur la salle des thrones. On lui avait souvent fait remarqué que, pour un dragon, il perdait assez facilement son sang froid. Il s'arrêta, se dirigea vers une table où une cruche et une choppe dorée étaient posés; il les ramassa, versa du liquide verdâtre de la cruche dans sa tasse et s'apprêtait à la caller lorsqu'un homme en armure *****, lance à la main, pénétra dans la salle.

Il s'inclina un moment, s'approcha du dragon sous forme humanoïde. Ysham le rejoint.

- Alors ?

- Ils ne sont toujours pas revenus, messire.

- Côté développement ?

- Le procédé mit au point pour que le sang draconnien -si minime soit-il- se révèle chez son porteur est terminé; encore un ou deux jours et nous devrions avoir terminé d'annihiler les facteurs de risque. Il ne faudrait plus que trouver quelqu'un qui ait un peu de sang de dragon. Ensuite, euh... Le métal découvert récemment est encore en cours d'étude.

- Sur le plan militaire ?

L'homme à la lance déposa son arme contre le mur, sortit un parchemin roulé. Il l'ouvrit, considéra un moment le rapport du regard et résuma:

- Les troupes entraînées sont légèrement au dessous des attentes. Sinon... deux dragoons s'ajouteront à votre garde dès demain.

- Et la magie ?

- Stable sur le côté défensif. L'offensive a été négligée récemment sous vos ordres. Le développement de nouvelles magies progressse, mais on ne drevait pas avoir de nouvelles avant quelques semaines encore.

Le rapport étant terminé, l'homme reprit sa lance et s'apprêta à sortir lorsque le grand prêtre l'interpela.

- Envoie un dragoon rejoindre Matt et son groupe. Je veux qu'il résume sa mission réelle, au lieu de suivre un instinct vers je-ne-sais-trop-où.

L'homme s'inclina et sortit.

(Le lendemain, c'est-à-dire aujourd'hui)

- Merde !"

Un poing percutta le mur de la salle adjacente à la chambre du grand prêtre Ysham, faisant tomber la lance qui y était accotée. Le dragoon faisait les cent pas autour de la salle; il ressentait tant de frustration qu'il voulait extérioriser. Son compagnon magicien, silencieux, le regardait tourner en rond, colérique, et marmonner de façon compréhensible...

"Des années sans échec, sans faillir... Jamais avoir besoin de nos téléporteurs... Le groupe le plus efficace... À la hauteur même des anciences légendes... MERDE !

Son poing percutta à nouveau le mur qui trembla sous l'impact. Bien évidemment, Ysham avait été mit au courant du retour de ces membres du groupe de Matt dès qu'on avait sû qu'ils avaient eu, pour une première fois, à utiliser un téléporteur. Sous peu, ils auraient à expliquer la situation...

Matt s'en chargeait toujours, mais vu la situation, ils ne pourraient pas s'en tirer. Le magicien jugea bon de prendre la parole pour calmer son ami.

- Kain. Kain !"

Il parlait si rarement que Kain n'eut pas à se faire prier pour lui porter attention.

"Matt est encore là-bas. La mission n'est pas échouée tant qu'il peut la complé-

La porte de la chambre d'Ysham s'ouvrit.

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Kain finit de décrire la situation à Ysham qui écoutait, sourcils froncés. Ni l'un, ni l'autre ne se plaisait à cette discussion: Kain avait toujours laissé parler Matt dans ce genre de situation et, le moment venu de porter des mauvaises nouvelles, il devait en être le porteur. Ysham sentait sa tête pesersous la nouvelle pression: le crystal non récupéré, leurs défenses ne pouvaient que tarder à être optimisées, qui devenait bien plus urgentes avec les nouvelles qui venait de lui être révélées. Et puis, la disparition de l'un de ses soldats de confiance lui était difficile à supporter.

- Quelle était la condition de Matt lorsque vous vous êtes séparés ?

- Une magie d'origine inconnue le protégeait, lui permettant de s'enfuir. Je crois qu'il l'aura fait et se sera trouvé un abris.

- L'origine de la magie était une créature dans l'air.

Le magicien éleva la voix pour cette justification que, il le savait, seul lui aurait pû préciser dans le groupe.

- Alors certaines créatures pourraient ne pas être hostiles ? Je ne sais pas si ce doit être prit comme une bonne où mauvaise nouvelle. Peut-être y a-t-il façon de rivaliser les différentes forces ainsi, mais nous ne pourrons savoir qui nous est hostile ou pas..."

Le dragon Ysham se tût quelques secondes, fixé par ses deux interlocuteurs. Il finit par reprendre:

"Un autre groupe sera envoyé pour trouver le Don de Tiam-

- Quoi ?

Kain s'était redressé brusquement, révolté. Ysham lui fit signe de se clamer avant de conclure:

- Vous conservez cette tâche de même, vu l'énergie que vous y mettez et la confiance que je garde en vous. Faîtes tout le nécessaire pour la récupérer. Mais mettez votre priorité à récupérer Matt.

La dragoon et le magicien s'inclinèrent et sortirent.

- Nous n'avons pas encore échoué notre mission, qu'il a dit, huh ?

Kain descendait les marches du grand Temple de la capitale du royaume, se servant de sa lance comme bâton. Le magicien marchait juste à côté.

- En effet. Mais étant séparés de Matt, il faudra se procurer de quoi être contactables s'il revient ici... Et il faudra aller chercher d'autres téléporteurs. Nous étions partis sans escorte, mais peut-être devrions nous mobiliser quelques chevaliers montés et nous traîner un pisteur pour pouvoir suivre les traces du chef.

Le dragoon l'écoutait. Il n'avait jamais été la tête pensante du groupe et ne cherchait pas à l'être, aussi répondit-il simplement:

- Tu peux t'occuper de tout ça ? J'ai... d'autres priorités.

Le magicien s'esclaffa de rire et fît signe à Kain d'y aller. Et, comme son compagnon allait aux différentes besognes, le dragoon alla chercher sa paye des derniers mois avant d'aller faire enchanter sa lance.

(Petit saut dans le temps ici)

L'air pûr et frais des montagnes. Le soleil qui descendait lentement vers les cîmes inégalement enneigées. L'unique bruit du vent qui balayait de son souffle les étendues rocheuses.

Matt prit une grande inspiration. Plus d'un an s'était écoulé depuis son dernier passage dans les Tiamat. Une touche de nostalgie lui revenait, stimulée par ses sens dont le souvenir vague l'envahissait.

- Je suis rentré...

Il était seul au milieu des montagnes, mais s'entendre dire ça l'emplissait de bonheur, comme un exilé qui pouvait remettre les pied chez soi. Son téléporteur rendu inefficace, il en jetta les deux morceux. Il ouvrit son petit coffre, savoura du regard la pierre d'antimagie avant de la sceller à nouveau et de ranger le coffret sur lui.

Il scruta longuement ses alentours; le téléporteur abîmé avait causé une erreur dans la précision de la téléportation. L'orientation n'avait jamais été le fort de Matt non plus, laissant cet aspect aux chevaucheurs de dragons. Un sommet -le plus haut de la chaîne de montagnes- était son seul point de référence. Vu la distance, il y aurait sans doute un village ou des habitations à proximité, quelque part...

L'homme entreprit de monter un petit mont pour essayer de repérer quelque chose.

Après une courte ascension du mont le plus près, Matt réalisa enfin où il se trouvait. À quelques kilomètres de là se trouvaient les premières habitations entourant la base d'une ville à plusieurs niveaux.

Il n'était jamais allé là-bas, mais l'endroit était connu: de là provenaient pratiquement tous les dragoons du royaume. Il se hâta à descendre la grande colline et prit la route du lieu.

- Maman ! Maman ! Quelqu'un arrive des montagnes.

La mère s'essuya le front, se retournant vers son fils qui lui apportait la récente nouvelle.

- Quelqu'un qui ne vient pas de la route ? C'est un dragoon ?

- Non non. Et il est à pied.

- À pied ? Ne dis pas de sôtise, personne n'irait se balader dans les montagnes sans bonne raison, à moins de..."

Ses yeux s'aggrandirent comme une possibilité de la raison de la venue de l'étranger lui traversait l'esprit.

"Rentre tout de suite à la maison.

- Mais...

- TOUT de suite ! Et barre derrière toi.

Comme le jeune rentrait pour suivre les instructions, la mère emboîta le pas derrière lui. Elle aggripa une armure simple, l'enfila, prit une épée endommagée et ressortit. Attelant rapidement l'un de ses chevaux, elle l'enfourcha et fit le tour de la ferme pour trouver l'arrivant, qui était toujours à bonne distance. Elle s'avança à sa rencontre, prête au combat, jusqu'à ce que ses yeux distinguent l'armure que portait Matt. Elle rangea son épée, se râcla la george, embarrassée de cet accueil.

- Vous... Que me vaut cette... visite ?

Matt la scrutta un moment. Sa venue semblait avoir incommodé la femme et, de son ton de voix, elle semblait craindre que quelque chose arrive.

- Il y a eu des troubles à proximités, pour que vous vous soyiez apprêtée ainsi au combat ?

La femme fronça légèrement les sourcils, s'obligeant à répondre le plus poliment possible.

- Nous sommes assez prêt des abords des Tiamat, et c'est notre devoir de protéger cette montagne, qui que nous soyions.

- C'est à votre honneur, madame, même si je préférerais que l'armée fusse assez grande pour protéger tout le territoire.

Suite à une légère discussion, Matt fut invité à rentrer. Il y passa un peu plus de deux heures, racontant des histoires de ses missions les moins secrètes, discuttant de la situation des environs depuis son départ. On lui céda finalement une arme, une ration de nourriture et un bon cheval pour la route, qu'il promit de leur rendre.

Quelques heures, rien de plus... Le cheval allait de bon train; la fermière n'avait pas évité de lui laisser n'importe quelle monture. Mais qu'il aie été reconnu même d'une paysanne...

Que sa gentillesse aie été à la hauteur de la crainte de la visite de Matt, il restait néanmoins qu'elle recevrait plus que son dû pour ses services et le cheval.

La route irrégulière nuisait au déplacement, mais le cheval comme le chavalier étai(en)t habitué(s) aux chemins cahoteux et brisés des montagnes. Et au loin se dessina bientôt la capitale... Quelques heures encore...

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